Promotion élèves-instituteurs 1941-1945. Chef de trentaine FUJ au lycée Lalande dès l’année scolaire 42/43, recruté par Paul MORIN. Il participe à l’attaque de la Trésorerie Générale le 5 juin 1944, action qui déclenchera la descente de la Milice le jour même, en pleine épreuve du baccalauréat au lycée.
L’année scolaire finie, il monte au Maquis dans la montagne au-dessus de Bellegarde. Il participe, avec son groupe, à la bataille de Trébillet, puis avec son groupe FUJ à la grande bataille de Meximieux (voir l’ouvrage « Cristal 4 »).
En 1947, le lycée reçoit la médaille de la Résistance. Jean et trois de ses camarades lycéens sont décorés en même temps que le drapeau.
 
Au retour, dans la vie civile, il est enseignant mais parallèlement entraîneur, dirigeant puis président de son club de Gymnastique.
 
Élu municipal en 1965, il devient Maire-Adjoint chargé du scolaire et des sports puis du Tourisme. Il est chargé, entre autres, des dossiers de la réalisation de :
- La salle omnisports
- Le camping-caravaning
- La piscine (1ère du département)
- Le Centre Aéré (1er du département)
- L’École Ouverte
- La station de ski de Menthières.
Infatigable militant de la mémoire, durant plus de quinze ans, il se rend dans les écoles, les collèges et les lycées pour témoigner de la Résistance et de la Déportation (son père, créateur et chef de l’Armée Secrète dans le secteur de Bellegarde, secteur « Cristal IV », est mort au camp du Struthof). Il a plus de 150 interventions à son actif.
A Bellegarde, il organise de très émouvantes cérémonies (40ème, 50ème, 60ème anniversaires de la libération de la ville, commémoration de la journée de la Déportation), expositions. Le Maire lui laisse carte blanche.
 
Ses décorations :
À titre militaire
- Médaille de la Résistance
- Croix du combattant volontaire de la Résistance
- Croix du combattant volontaire
- Chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur
À titre civil
- Médaille d’or de la Jeunesse et des Sports
- Officier dans l’ordre des Palmes Académiques
- Médaille du Ministère du tourisme
Annie MARINET, épouse de Jean MARINET
 
   Itineraire d un enfant de bellegarde v215
 
L'auteure retrace, de façon claire et simple, l'itinéraire de vie de Jean.
L'ouvrage est sorti au moment de la cérémonie au cours de laquelle les insignes de Chevalier dans l'Ordre National de la Légion d'Honneur ont été remis à Jean MARINET.
 
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Discours de Guy LARMANJAT, conseiller départemental du Canton de Bellegarde-sur-Valserine, lors des obsèques de Jean, le 26 octobre 2017.
 
Chère, très chère Annie,
Chers Gilles, Didier, Franck et Agnès,
Chers Simon, Elie, Ambre et Emanuel,
Monsieur Benoît HUBER, Sous-préfet de Gex Nantua, représentant Monsieur Arnaud Cochet, Préfet de l’Ain, empêché,
Mesdames et Messieurs les élus et anciens élus,
Monsieur le Directeur de l’Office National des Anciens Combattants, cher Nathanaël,
Mesdames et Messieurs les Présidents et représentants du Monde combattant, mémoriel, de la Déportation, de la Résistance du Maquis et de la Légion d’Honneur,
Mesdames et Messieurs les porte-drapeaux,
Vous toutes et tous membres de la famille, proches, amis…

C’est le cœur brisé, et avec une indescriptible émotion que je m’exprime devant vous ce matin, brisé par la perte d’un AMI, la perte d’un Grand Homme, d’un Grand Monsieur, d’un Homme Hors du Commun, qui inspirait un immense RESPECT, comme le rappellent tous les témoignages sur les réseaux sociaux depuis la disparition de Jean Marinet.
C’est un exercice bien difficile et trop douloureux que tu nous imposes ce matin Jean; comme l’écrivait Anne-Marie samedi, nous avions fini par te croire éternel ! Toi-même, qui confiais à Sandy - lors de l’écriture d’ «Itinéraire d’un enfant de Bellegarde » le livre qu’elle t’a consacré -, « n’avoir de toute ta vie, jamais été fatigué avant ces dernières années ».
Mais c’est un exercice que nous te devons et que nous devons à ta famille, malgré notre peine, un exercice qui nous incite à beaucoup de modestie et d’humilité dans notre vie et nos actions…
Comme un dernier signe, une dernière référence, tu as choisi de partir en même temps que Jeanne Brousse, Juste parmi les Nations et Résistante Haute-savoyarde, qui, comme toi, était très engagée dans le devoir de mémoire.
Mais aujourd’hui, ce n’est pas ta mort qui doit parler, c’est AVANT TOUT ta vie, ta longue, très longue vie, immensément intense, remplie et exemplaire. Une vie de passeur…
Dès notre première rencontre, apprenant que mon père avait fait la 2ème guerre mondiale et subit 5 années de captivité dans les camps de travail en Allemagne, tu choisis de me prendre sous ta houlette protectrice…
Tu me disais : « Ici,-sous-entendu dans l’Ain et plus particulièrement dans le Secteur Cristal 4-, nous vivons en terre de résistance… » et, tu ajoutais : « Nous nous honorons et nous honorons la France en nous montrant gardiens fidèles de la mémoire de nos camarades morts et des valeurs qu’ils défendaient. Le devoir de mémoire est impératif et plus que jamais nécessaire face, non seulement à l’oubli dû au temps qui passe, mais aussi, à une recrudescence des coupables activités des négationnistes, et de citer Faurisson, Le Pen et consorts…, ceux que l’historien Pierre Vidal-Naquet a baptisé « Les assassins de la mémoire ». »
A Sandy, tu confiais « Ce qui limite l’intolérance, le négationnisme et les extrêmes, sont et seront toujours la culture et la connaissance. Il est important que les enfants sachent ce qui est arrivé pour le transmettre à leur tour ».
D’où, ton infatigable engagement avec ton compère, complice et ami de toujours, Robert Molinati, comme « passeur de mémoire » et votre immense investissement pour le Musée de Nantua.
 (...)
Ma vie, mon éducation, je les dois bien évidemment à mes parents, mais ma passion pour les autres, mon sens du devoir, mon analyse politique, c’est à toi que je les dois Jean.
Ton fils spirituel, j’ai beaucoup de difficultés à m’exprimer en ces termes, ce serait faire preuve de bien peu de modestie de ma part, mais c’est bien de cela dont il s’agit.
Quand en 1995 tu acceptes, sous conditions, de prendre la Présidence de l’association « Ensemble Pour Bellegarde » (forte de 300 membres), une de tes conditions est que j’en sois le trésorier à tes côtés; à ce moment je n’y vois rien d’autre qu’une marque d’amitié entre nous et ta volonté d’associer à des postes de responsabilité des jeunes.
Trois ans plus, quand, avec d’autres anciens élus, Yvette Novel, Gaby(s) Michaille et Million, Claude Tournier… tu me pousses à être candidat aux élections cantonales, je comprends mieux ton souhait de faire de moi ton successeur…
Puis, c’est la victoire en 2002, une victoire à laquelle tu prends bien évidemment une très grande place en soutenant chacun de mes engagements.
(...)
Enfin c’est la réélection en 2011, qui remet selon tes propres mots, non pas l’Église,  - cette cérémonie civile le démontre -, mais comme tu aimais à nous le rappeler avec un petit sourire, la Mairie au centre du village.
Tu avais été particulièrement blessé, quand une vingtaine d’années auparavant, une association environnementaliste vous avait fait conspuer (toi et René Caron, Maire-adjoint également), par des enfants sur le perron de la Mairie, vous qui aviez, l’un et l’autre, « dédié votre vie à l’éducation et à la jeunesse ». C’était une blessure profonde dont tu m’as maintes fois parlé.
Toi qui étais un admirateur des Grands Hommes, dont nous estimons tous que tu fais pleinement partie, tu admirais profondément Stéphane Hessel que tu jugeais d’une intelligence et d’une ouverture d’esprit sans commune mesure. Comme lui, tu pensais que l’homme doit savoir pour comprendre et comprendre pour tolérer, c’est pourquoi tu as consacré ta vie à l’éducation. Mais Jean, tu n’avais pas attendu l’écriture d’«Indignez-vous » pour nous transmettre cette fibre.
Lors de nos réunions, lorsque sur un sujet touchant à nos convictions et nos valeurs, nous abordions la légalité, tu nous faisais toujours cette remarque : « Parfois, il faut savoir désobéir, si nous n’avions pas désobéi en 1940, ce serait les Nazis qui auraient gagné ». La démonstration était alors implacable et tes convictions inébranlables…
Tu souhaitais que nous fassions nôtre, inlassablement, le conseil de Lucie Aubrac « Le mot Résister doit toujours se conjuguer au présent. »
Je me souviens parfaitement, vous excuserez mon propos, Monsieur Le Sous-préfet, il y a quelques années lorsque l’Etat avait décidé qu’aux commémorations départementales, il n’y aurait plus qu’une seule gerbe de déposée au nom de tous les participants, tu avais, lors de la commémoration au Monument de la Déportation à Nantua, envoyé le porte-drapeau Albert Girardet, ancien déporté du camp de concentration de Buchenwald, déposer ensuite la gerbe de la FNDIRP que tu présidais à cette époque; cela avait été un grand, grand moment d’émotion dont tous les participants se souviennent encore.
Le 10 juillet dernier, l’ensemble de tes engagements étaient reconnus par la Nation avec ta remise de Légion d’Honneur, Là encore tu faisais le bon choix, en souhaitant qu’elle te soit remise, par Monsieur Gérald Berthias, homme pudique, discret et humble comme toi. Par ce geste, tu voulais le mettre à l’honneur; il y a un mois encore, tu me disais de lui « Son action et son pedigree de Résistant sont autrement plus importants que les miens » et tu avais ressenti une immense satisfaction que Monsieur Berthias accepte de te  remettre cette médaille et apprécié au plus haut point son discours.
Mais, Jean Marinet au-delà de la multitude de ses fonctions, actions et engagements, était avant tout un HOMME. Sa famille en parlera mieux que moi mais je veux à chacune et chacun d’entre vous, Annie, ses enfants, ses petits-enfants dire combien vous étiez précieux pour lui.
Il me parlait certes discrètement mais très régulièrement de vous.
Pour toi Annie, il avait cette bonne phrase « Avec Annie, on fait une bonne équipe ! » et c’est vrai, tu l’as toujours accompagné et aidé dans ses nombreux engagements. Et toi Annie, tu n’aurais pas su traverser un certain nombre de difficultés de la vie sans l’immense présence et la force de Jean.
Pour vous ses 4 enfants, il était toujours attentif à chacun de vos pas, de vos actions, qu’il analysait et détaillait mais toujours très discrètement.
Ses 4 petits-enfants étaient certes sa fierté, mais surtout son bonheur, c’était pour lui la Future génération celle vers laquelle son action a toujours été dirigée. Lors de sa remise de Légion d’Honneur et malgré ses grandes difficultés de santé ce soir-là, il me confiait son admiration pour la vitesse à laquelle Emanuel tu maîtrisais le français et de toi Ambre, il n’avait pas de mots assez puissants pour dire le plaisir de ta présence, mais plus encore saluer ton attitude, ton comportement, notamment dans l’accompagnement de ton petit frère.
Jean, la famille, le travail, le service aux autres et la Ville de Bellegarde-sur-Valserine, tu en fis le cœur de ton engagement. Ce mot, tu ne l’as pas seulement mis au centre de ton action. Tu l’as incarné. Tu lui as donné ton visage, ta gentillesse, ta voix, et par-dessus tout ta modestie.
(...)
Chère Annie, chers enfants et petits-enfants, votre courage et votre dignité forcent l’admiration de tous. Vos amis ici rassemblés, vous renouvèlent leurs sincères et attristées condoléances. Leur présence nombreuse, leur immense présence témoigne de leur profond soutien, ils vous assurent de toute leur sympathie, de toute leur affection.
Dans les moments difficiles, douloureux que vous allez, encore longtemps, traverser rappelez-vous, cette parole de Antonine Maillet « L’amour est la seule chose qu’on emporte dans l’éternité ».
Jean derniers temoignages 2
 Nantua - samedi 9 septembre 2017