A HÉLÈNE BERTHAUD

 

 


helene Berthaud Hélène BERTHAUD nous a quittés le lundi 5 mai 2014. Elle avait 91 ans.


Née DUBOIS, elle était l'aînée d'une famille modeste de Bourg-en-Bresse de dix-huit enfants, originaire de l'Ain. Toute son enfance et sa jeunesse se passèrent à Bourg. Elle avait une grande admiration pour son père, engagé volontaire à 17 ans au cours de la guerre 14-18, grièvement blessé, grand invalide de guerre.
La foi d'Hélène dans la France était sans faille. Très dynamique et sportive, elle avait même joué au rugby.


En février 1941, à 19 ans et déjà convaincue, elle entra en Résistance à la suite d'une conversation qu'elle eut avec un vitrier venu réparer les vitres cassées par ses frères. En 1942, elle devint agent de liaison entre Bourg-en-Bresse et Lyon, et bientôt il lui fut demandé de transporter des colis et des valises entre Bourg et les maquis de l'Ain, du Haut-Jura et même de Saône-et-Loire.

Remarquée par ALBAN-VISTEL, elle resta à Lyon pour des missions de plus en plus pointues, jusqu'au jour où elle fut dénoncée par une amie qui avait compris la nature de son engagement. On sut que cette 'amie' la dénonça par amour pour son amant, militaire allemand.

Arrêtée sur le pont Morand à Lyon le 3 août 1944 et interrogée par Klaus BARBIE, elle fut battue et torturée puis incarcérée à Montluc, où elle demeura stoïque, même quand elle fut condamnée à mort. La prison Montluc fut libérée le 24 août, alors que Lyon ne l'était pas encore. Hélène retourna au combat jusqu'au 2 septembre.

On sait qu'elle retrouva son 'amie' qui l'avait dénoncée, alors entre les mains de 'Résistants de la dernière heure'  qui voulaient s'instaurer en justiciers. Hélène la protégea, ne voulant pas faire sa propre justice. "Elle ne s'était pas battue pour cela". Elle lui pardonna au cours du procès, tout au moins en ce qui concernait son propre cas.

Après guerre, Hélène épousa un Résistant du nom de Roger BERTHAUD, qui décéda prématurément. Hélène avait une profession en rapport avec des organismes sociaux, notamment avec le service de santé dans les hôpitaux et les cliniques.

Une fois à la retraite, elle tint à faire connaître aux nouvelles générations ce qu'étaient la dictature nazie et la Résistance française, particulièrement dans le cadre du Centre Historique de la Résistance et de la Déportation (CHRD) de Lyon et du Souvenir de Montluc. Elle accepta toujours d'apporter son témoignage devant les élèves des collèges et lycées, devant les visiteurs de Montluc, sans jamais vouloir se mettre en avant lors de ses exposés.

Ses obsèques ont eu lieu le lundi 12 mai 2014 à l'église Saint Pothin de Lyon.

Personnellement, je croyais n'avoir rencontré Hélène que tardivement au CHRD. Il y a quelque mois, elle m'avait remis une plaquette retrouvée récemment que mon ami Pierre STAGNARA et moi-même avions publiée en 1957 sur des cas chirurgicaux. J'appris alors qu'à cette époque elle travaillait à la clinique Émilie de Vialar où j'exerçais moi-même. Nous n'avons pu que nous rencontrer sans nous douter que nous avions des points en commun tels Bourg-en-Bresse ou la Résistance.


François-Yves GUILLIN