Autre témoignage

 

Récit du maquis

 6 juin 1944 – 3 septembre 1944

 

 

Sommaire:

 

Rappel: de mai 1940 à septembre 1944, la France était occupée par l’armée hitlérienne (armée allemande); Adolf Hitler était le Führer de l’Allemagne.
Le 6 juin 1944, les Alliés débarquent en Normandie. Une période nouvelle commence. Ordre est donné aux Résistants de sortir de la clandestinité et d’organiser des unités combattantes.
J’étais aux F.U.J. (Forces Unies de la Jeunesse) et m’attendais de recevoir un ordre de mon responsable, Guilland. Rien. Je n’ai jamais su pourquoi.
Pour bien comprendre la situation, il faut rappeler que le téléphone était pratiquement inexistant. A ma connaissance, à Mantenay, il n’y avait qu’une cabine téléphonique où l’on pouvait, soit téléphoner, soit envoyer des télégrammes. Encore fallait-il s’y rendre. Mes parents étaient agriculteurs au hameau de Devès à près de deux kilomètres du bourg. Tout ceci montre que les moyens de communications n’avaient rien à voir avec ceux dont nous disposons dans le monde actuel.

 

Donc tout le travail réalisé avec les F.U.J. paraissait inutile.
Heureusement, le groupe de Résistants du village a pris contact avec moi. Ils étaient au courant que j’avais eu une discussion serrée avec le responsable de l’A.S. (Armée Secrète) de Saint-Triviers-de-Courtes. Il était même venu au lycée Lalande me rencontrer après le repas, pendant l’interclasse évidemment, pour me reprocher de marcher sur ses plates-bandes.
C’est ainsi qu’au début juin 1944 commence l’épisode de lutte armée: le maquis.
Le lieu de rendrez-vous était l’école de Saint-Nizier-le-Bouchoux où je me rends.  Première chose, apprendre le maniement des armes. Démontage et remontage de la mitraillette anglaise STEN. Mais ce travail est rapidement arrêté. C’est le départ immédiat car un détachement allemand arrive. Départ pour les bois, direction Saint Amour en camion et traction Citroën, la seule auto du groupe.
Ordre est alors donné de se disperser, mais il faut répartir l’armement et le mettre en sûreté avant un nouvel ordre. Avec deux collègues alsaciens, je suis chargé de transporter des armes et des munitions dans les bois du Tillet, commune de Curciat-Dongalon, près de Varennes-Saint-Sauveur. Nous franchissons rapidement le petit cours d’eau, la Sane-Morte, pour nous rendre dans les bois du Tillet, et mes deux compagnons se chargent de mettre en sûreté les armes. Puis, retour à la ferme paternelle à Mantenay, en attendant un nouveau départ.

 

L’attente n’a pas été longue. Un camp est organisé dans une vieille ferme délabrée, abandonnée dans un hameau de Servignat, près de la commune de Chavannes-sur-Reyssouze. Le chef en était le lieutenant Albert. Comme nous étions de plus en plus nombreux, de petits groupes se forment pour se disperser. Notre groupe, dirigé par Georges Bessard et Louis Charvet, campe sous une tente improvisée dans la forêt du Villard près du hameau de Béroude. Nous disposions d’un camion Citroën au gazo-bois pour nous déplacer.
Au cours du mois d’août, nous recevons un parachutage d’armes sur le terrain de Chamandray. De garde sur la route départementale de Lescheroux à Beaupont par une nuit très claire, je garde un souvenir inaltérable de cette opération. Les containers ramenés au camp contenaient des armes. C’est ainsi que j’ai échangé ma mitraillette STEN contre un fusil anglais neuf. L’armée allemande commençait à se retirer.
Pendant toute cette période, le fait auquel j’ai participé est l’attaque d’un convoi militaire allemand  (7 morts – 2 prisonniers). Je me rappelle parfaitement l’appréhension qui me guettait, qui, en fait, fut vite dissipée.
Parmi les faits, il me faut citer celui-ci. En position sur une hauteur avec un groupe F.T.P., nos chefs décident de quitter les lieux pour regagner notre camp. Le groupe F.T.P. reste. Au bas, derrière un petit bois, la rivière la Sane-Morte que nous allons traverser. Surprise! A peine engagés sur le pont, nous nous trouvons face à une escouade allemande qui se retire. Escouade n’ayant plus que des bicyclettes comme moyen de locomotion. Plus aguerris, tous se jettent au fossé et commencent à tirer. Là encore, la chance est de notre côté. Inutile de dire que le repli s’exécute très vite. La rivière nous sépare et le petit bois nous protège. Pendant ce temps, l’échange de tirs se fait entre les Allemands et le groupe F.T.P., toujours présent. Aucune victime n’est à déplorer.

 

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Pendant cette courte période qui allait précéder la Libération, notre groupe fut chargé d’amener du ravitaillement aux maquisards qui s’étaient repliés dans le Haut-Bugey, au Crêt de Chalam. Aujourd’hui, cela paraît sûrement une expédition sans difficulté. Alors, il en allait tout autrement. Le chargement s’effectuait chez Claude Billaudy1 à Malafretaz. Chargement de denrées destinées aux maquis. Denrées qui provenaient de prises sur les péniches arraisonnées par d’autres groupes sur la Saône, à Fleurville notamment.
Il fallait alors un jour pour se rendre au Crêt de Chalam... Aujourd’hui, quelques heures suffisent. Pourquoi?
Les camions étaient des gazogènes très lents. Les ponts sur la rivière d’Ain avaient été dynamités. On traversait donc l’Ain au barrage de Cize-Bolozon. Ce genre de mission, nous l’avons fait à deux reprises. La seconde se révéla inutile, les maquisards étant revenus dans la plaine. Décision fut prise alors de laisser le chargement à Oyonnax, à l’Aurore sociale. Comme le chargement était, pour l’essentiel, du sucre, inutile de dire qu’il fut apprécié par les habitants qui se pressaient autour du camion.
Nous arrivons à la fin de cette période. Le dernier dimanche d’août 1944, nous essayons de rejoindre la nationale 75 à Saint-Julien-sur-Reyssouze. Nous ne pouvons passer: les Allemands sont là et sur leur garde. Nous décidons de rester sur place chez l’habitant. Le lendemain, c’est la fin. Les SS allemands dynamitent le pont sur la Reyssouze; entre Saint-Julien et Jayat, la route est coupée. Les Allemands se retirent et l’armée américaine arrive. Inutile de décrire la joie de la population, c’est du délire; l’occupation est terminée. Ce jour-là, notre chef de groupe me désigne pour accompagner une avant-garde américaine en jeep pour une mission que j’ignore.
Départ pour Romenay, puis La Chapelle-Thècle où nous retrouvons les débris d’un avion américain abattu. A la mitraillette, les débris sont détruits, puis retour à Saint-Julien-sur-Reyssouze par Montpont et Curciat-Dongalon.
Mais la guerre n’est pas terminée. Simplement pour les gens une nouvelle vie commence. L’occupation allemande est terminée.

René PARISET

 

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1 Responsable de l’A.S en Bresse

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