BIENVENUE AUX NOUVEAUX ÉLÈVES DU LYCÉE LALANDE


Le lycée Lalande, ancien collège des Jésuites, porte le nom d’un astronome célèbre. Vous aurez l’occasion d’en connaître l’histoire.

Mais aujourd’hui, nous voulons vous parler d’un passé plus récent, celui qui a conduit l’établissement qui devient le vôtre à recevoir la Médaille de la Résistance, seul lycée civil de France titulaire de cette distinction. Trente sept élèves, dont les noms sont gravés dans le marbre du hall d’entrée, ont payé leur engagement de leur vie, à une époque où le lycée, un lycée de garçons, comptait à peine 70 élèves par classe d’âge.

Pendant cette sombre période, qui a suivi la défaite des armées françaises en mai 1940, la France est gouvernée par le Maréchal Pétain, chef de « l’Etat Français », ce qui implique la disparition de la République et la suppression de toutes les libertés fondamentales d’une démocratie. Le nouvel Etat Français est autoritaire, policier et antisémite. Il maîtrise complètement l’information et met en place la collaboration avec l’Allemagne nazie.

Assommés par  la défaite si rapide de 1940, les Français font majoritairement confiance à Pétain. Cependant, une petite minorité d’entre eux, à l’image du général de Gaulle, n’accepte pas la défaite.  Dès octobre novembre 1940 au lycée, des positions sont prises dans la clandestinité. Des photos, des tracts, circulent sous le manteau pour soutenir un espoir qui est encore bien ténu.

Avec le temps et malgré le danger, ces publications deviennent de plus en plus documentées et nombreuses, soutenues moralement, à partir de 1942,  par les premiers revers des armées allemandes et japonaises. En 1941 l’invasion de l’URSS par Hitler, puis l’entrée en guerre des Etats-Unis, et plus tard les victoires de Stalingrad ou des Midway [Dans le Pacifique] sont des encouragements à édifier une force qui devait se mettre en mouvement au moment mythique du « débarquement » des alliés.

Les différents mouvements de Résistance présents au lycée se groupent dans le réseau FUJ « Forces Unies de la Jeunesse ». Pendant que les anciens élèves poursuivent leur engagement à l’Université ou directement dans la clandestinité, l’organisation en réseau unifié au lycée, vivifiée fin 1941 par l’arrivée des « élèves maîtres » ( élèves des anciennes écoles normales d’instituteurs ) permet une large diffusion des journaux clandestins, l’organisation de maniements d’armes, ainsi que des actions de sabotage ou des manifestations diverses et la préparation aux combats de la libération dans l’attente impatiente du débarquement des Alliés.

Au lycée Lalande, comme ailleurs, la Résistance  est sous la menace permanente d’une police vychiste particulièrement active. Et lorsqu’en novembre 1942,  les Allemands envahissent la « zone libre », c’est à dire occupent la totalité de la France, la répression par la Gestapo, relayée par la « Milice française » s’abat sur l’ensemble du pays. Le régime de Vichy, déjà sans ambiguïté sous la botte allemande, est malgré tout maintenu par le maréchal Pétain et connait une orientation de plus en plus fascisante ; en janvier 1943, il crée la « Milice française », une police politique chargée de traquer, aux côtés de la Gestapo,  les résistants.  Les premières arrestations commencent au lycée dès mai 1943. Incarcérations, déportations et fusillades vont se banaliser et devenir le danger permanent pour les résistants.

Le 5 juin 1944, suite à un coup de main tenté par un groupe FUJ comprenant quatre lycéens, le lycée est envahi par la Milice pendant les épreuves du Bac. Dix lycéens Résistants nommément dénoncés sont arrêtés. Les autres déclencheront avec l’ensemble des réseaux la lutte armée dès le lendemain, le 6 juin, jour du  débarquement de Normandie ; ils seront présents sur les différents champs de bataille du département (Meximieux, Chatillon, La Lèbe, Poncin, Hauteville …) ou d’ailleurs jusqu’à la capitulation allemande le 8 mai 1945. Ceux qui ont été arrêtés subiront des interrogatoires aux méthodes diversement brutales,  seront fusillés ou déportés dans des camps de concentration ou de représailles où ils traverseront dans des situations diverses et parfois mortelles les conditions de leur libération ou de leurs évasions.

 

En 1994 après un long silence de cinquante ans, les Résistants encore vivants se sont regroupés dans une association « Résistance lycée Lalande » très bien accueillie par l’administration comme par le corps enseignant, et  à laquelle se sont récemment intégrés plusieurs professeurs du lycée.
Ils ont édité une brochure de récits personnels : « Histoires peu ordinaires de lycéens ordinaires » disponible au Centre de documentation du lycée et sur le site de l’association.
- Ils sont intervenus pendant les années où leur santé leur permettait dans les classes de première.
Ils ont organisé chaque année, à destination des élèves de Terminales, une conférence par un grand personnage de la Résistance. Le dernier grand témoin a été Jean-Louis Crémieux-Brilhac en 2014 (à l’âge de 96 ans).
- Ils ont créé un site Internet :    http://www.lalande2.com, qui a déjà reçu plus de 100 000 visiteurs. Ce site est toujours actif et attend votre visite.
- En 2008 - 2010, les élèves de Premières de l’option CAV ont réalisé un film à partir de leurs rencontres avec les anciens élèves résistants. Intitulé « Paroles résistantes », il est disponible au CDI du lycée. Ce film a été édité en DVD grâce au soutien financier de l’ONAC - Office National des Anciens Combattants- et du ministère de la Défense ; vous pouvez l’emprunter au CDI.
- Enfin, un réalisateur professionnel, Alain Fabbiani, vient de terminer un film sur la Résistance au lycée. Il sortira en 2017.
En s’adressant à vous, élèves d’aujourd’hui du lycée Lalande, ils entendent, sans rabâchage ni affectation, participer au devoir de mémoire auquel ont droit ceux qui ont payé de leur vie leur engagement pour un monde meilleur dans l’espoir d’œuvrer pour une citoyenneté conforme à la dignité des hommes.



Pour l’Association « Résistance-lycée Lalande »
Le Président
Pierre FIGUET   (décédé en mars 2016)

 Bien sûr, l’actualisation de la dernière partie a été faite après le décès de Pierre FIGUET. Pour le reste, son texte est resté tel qu’il l’avait écrit à votre intention et à celle des générations futures.