RÉSISTANCE: L'ARMEMENT DES FUJ LYCÉENS


Faut-il armer la Résistance française? Le problème était posé à l'État-major des Alliés lorsqu’il fut avéré que la Résistance intérieure était réellement devenue un phénomène important.
De Gaulle, lui-même, et les Alliés ont fait preuve longtemps d’une étonnante ignorance de la réalité française. Il a fallu que des émissaires comme Yvon Morandat, Christian Pineau, Jean Moulin, et d’autres, se rendent à Londres pour convaincre De Gaulle de la réalité d’une Résistance active et sérieuse. Ignorance, donc, mais aussi méfiance, à cause de la présence des communistes soupçonnés abusivement de préparer la révolution à la faveur de la libération.


Au sujet de cette prise de conscience, on ne peut manquer de faire état du fameux défilé du 11 novembre 1943 à Oyonnax, voulu et organisé par Romans-Petit, le chef des maquis et de l’Armée Secrète de l’Ain. La démonstration était ainsi faite de la réalité de la résistance armée.
Les parachutages d’armes, dont la réception et la répartition étaient assurées par une solide organisation, devinrent donc de plus en plus nombreux pour armer les maquis et préparer les stocks de l’Armée Secrète.


Et les lycéens de Lalande dans tout ça?
Les FUJ de la région de Bourg étaient en mesure de réceptionner et cacher les parachutages qui leur étaient destinés. Mais les FUJ lycéens, internes pour la plupart, ne pouvaient participer à ces opérations à leur grand regret d’ailleurs. La composition de ces largages consistait essentiellement en mitraillettes STEN propres au combat rapproché, en fusils classiques, en fusils mitrailleurs et grenades. Ce n’est qu’en juillet 44 qu’une mitrailleuse légère fut attribuée à la compagnie FUJ.
En attendant la mobilisation générale au moment du débarquement, les lycéens FUJ durent se contenter de faire connaissance avec la mitraillette STEN. L’opération se déroulait de la façon suivante: lors de la sortie libre du jeudi après-midi, des petits groupes de 5 ou 6 se rendaient à tour de rôle chez leur camarade Bouvet dont les parents exploitaient une ferme à la périphérie de la ville. Là, ils apprenaient à monter et démonter LA mitraillette (nous n’en avions qu’une !) y compris les yeux bandés. Naturellement, il n’était pas question de s’exercer à tirer, sous peine d’attirer l’attention des Allemands et des miliciens. C’est ainsi qu’avec cette seule et rudimentaire formation militaire, que les lycéens sont devenus soldats, au moment du débarquement en Normandie, mais ils surent s’adapter très vite et faire leur devoir. Ils ont participé à d’âpres combats dans le département dont la bataille d’Hauteville, celle du col de la Lèbe, et la grande bataille de Meximieux-La Valbonne ainsi qu’à de nombreux accrochages, coups de main et sabotages.


Jean MARINET