L'histoire oubliée :

PÉTAIN ET LE GOUVERNEMENT DE VICHY
CONTRE L’ÉCOLE PUBLIQUE


« Ce qui est arrivé peut recommencer »
Primo Levi

 SOMMAIRE

* Étapes

* Référence bibliographique

* Annexe

 

ÉTAPES

10 juillet 1940: Le maréchal Pétain est investi des pleins pouvoirs. L’opinion publique ne sait pas encore qu’il est porteur de l’idéologie d’extrême droite incarnée par Charles Maurras dont la lutte contre la République se manifeste particulièrement par une critique virulente de l’école publique laïque. Dès sa prise de pouvoir, Pétain et son gouvernement vont s’attaquer à l’école publique.

17 juillet 1940: On pourra démettre de ses fonctions tout fonctionnaire qui serait "un élément de désordre, un politique invétéré ou un incapable". Sont particulièrement visés les instituteurs, les cheminots et les douaniers militants syndicalistes.

30 juillet 1940: Une liste des manuels scolaires "interdits" est publiée. L’historien Jules Isaac, traditionnellement auteur des livres d’histoire du primaire, est particulièrement visé car il est juif.

9 août 1940: Une circulaire dit que pourront être déplacés les instituteurs séduits par des "théories périmées".

Septembre 1940: Fermeture des Écoles Normales d’instituteurs qui sont considérées comme "les séminaires malfaisants de la démocratie" et qui produisent des "instituteurs imbus de science de laïcité et de socialisme qui sont les piliers de la 3ème république". Désormais, les élèves-instituteurs issus du concours d’entrée à l’École Normale seront intégrés aux lycées (pour l’Ain, le lycée Lalande à Bourg) où la fréquentation des fils de la bourgeoisie est supposée leur être salutaire. Ils y subiront, ainsi que les lycéens, une intense propagande vichyste. Il faut savoir qu’elle sera inopérante, très mal perçue par la plupart des élèves.

15 novembre 1940: Pourront être relevés de leurs fonctions tous ceux qui, dans le passé, "se sont livrés à des agitations politiques contraires aux intérêts de la France" et qui "persévéreront dans leur action". Le passé en question, c’est évidemment 1936 et le Front Populaire.

6 décembre 1940: Le ministre de l’instruction publique, Jacques Chevalier, annonce que désormais l’école publique enseignera "les devoirs envers Dieu".

7 mars 1941: Devant les réactions suscitées par ce texte, Jérôme Carcopino, nouveau ministre, remplace le mot "Dieu" par "Les valeurs spirituelles, la patrie, la civilisation chrétienne".

13 mai 1941: Publication d’une nouvelle liste de manuels scolaires interdits.

25 juillet 1941: Publication d’une liste des ouvrages littéraires interdits dans les bibliothèques scolaires. Par exemple: Henri Barbusse, Léon Blum, Paul et Victor Marguerite, Colette, Zola, etc.

RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE :

"Vichy contre l'école publique"
par J. Michel Barreau
Éd. Flammarion

 

ANNEXE :

1328 instituteurs français appartenant à la franc-maçonnerie sont limogés. C'est le cas de Monsieur Escudier, directeur d'école à Ambérieu et de son épouse.
À Bellegarde, Madame Desmaris, directrice de l'école primaire et du cours complémentaire de filles est révoquée sans retraite le 28 février 1941. Son mari, instituteur à Coupy échappe à l'arrestation grâce à un postier qui a surpris une conversation téléphonique de la police.
À Bellegarde, Marius Pinard, instituteur, militant socialiste très en vue est déplacé dans un village de la Loire. Il avait déjà été l'objet d'un rapport de la police des Renseignements généraux en 1934. Revenu à Bellegarde pour les vacances de Pâques, il sera assassiné en 1944 par les tueurs français de la Gestapo venus dans le sillage de la Wehrmacht en opération contre les maquis. Ils tenteront en vain de faire disparaître son corps dans la perte du Rhône.
Les cheminots et les douaniers, nombreux à Bellegarde, subiront eux aussi une sévère "épuration".


Jean MARINET

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