POURQUOI RÉSISTER DE 1940 À 1944
François-Yves GUILLIN

 

Le Patriotisme. Sentiment indéniable existant chez beaucoup d’élèves du lycée Lalande comme chez beaucoup de citoyens français. Il apparaissait intolérable de voir ou de savoir les deux tiers du pays, et Paris, occupés par l’Allemand. Il ne s’agissait pas d’un esprit de revanche stérile, mais d’un refus de l’abandon de la culture, de l’histoire, du patrimoine de la France.


La Liberté. L’occupation allemande étant bel et bien accomplie, le Français, notamment celui de la zone occupée, à peine remis de l’énorme choc qui l’atteignait, à peine conscient du bouleversement qu’il venait de subir, ressentit une frustration qui ne fit que s’accroître au cours des années suivantes. La perte de la liberté, notamment la liberté de la presse, de l’expression fut d’autant plus sensible que l’étau nazi se resserra de 40 à 44.


L’abolition de la République, (corollaire de la précédente raison de résister), fut une des conséquences des pleins pouvoirs accordés à Pétain et à son gouvernement : disparition de la constitution parlementaire, et institution de "l’État Français", avec ses pouvoirs autarciques. Le régime démocratique était aboli, ridiculisé par la Presse.


Être témoin d’exactions commises. Exemple : pogrom à l’égard de juifs.


Par adhésion à la Propagande (ami, connaissance, radio de Londres, etc).

 

À partir de fin 1942, début 1943,
six événements principaux intervinrent
pour apporter de nouvelles raisons de résister :

 

Le 8 novembre 1942, le débarquement américain en Afrique du Nord. Jusque là, beaucoup de Français, attentistes, pronostiquaient la victoire de l’Allemagne. Un doute apparut dans les esprits de citoyens français, incertains jusque là.


Le 11 novembre 1942, l’invasion de la zone sud par la Wehrmacht et les S.S. L’armistice devint caduc. Pétain, son gouvernement ne bougèrent pas. Le doute grandit.


Le 27 novembre, l’Armée d’Armistice fut dissoute, la Flotte de Toulon se saborda pour ne pas passer aux mains des Allemands. Nombre de militaires, de marins, libérés du serment au maréchal, s’enrôlèrent dans la Résistance. Pas tous.


La grande victoire de Stalingrad, le 2 février 1943, par la capitulation de la VI° armée allemande encerclée depuis novembre 1942, démontra que l’invincibilité de l’armée allemande était un leurre. Les différentes classes sociales françaises en furent conscientes. Déjà, l’offensive de la VIII° armée britannique à El Alamein en Égypte, le 23 novembre 1942, ébranla certains attentistes.


Par les décrets de Vichy du 16 février 1943, le Service du Travail Obligatoire en Allemagne (S.T.O.) fut institué, ce qui décida une grande quantité de jeunes à devenir réfractaires et à rejoindre les maquis, déjà en formation. Ce fut le cas du département de l’Ain où furent organisés des maquis mémorables, commandés par celui qui sera le Colonel Romans. Le gauleiter S.S. Saukel, qui avait exigé la création du S.T.O., fut bien le pourvoyeur des maquis.


Le 6 juin 1944, le débarquement anglo-américain en Normandie, fut l’occasion pour ceux qui ne s’étaient pas encore décidés ou pour les plus jeunes aussi.


François-Yves Guillin
Janvier 2006